L’éruption de la Montagne Pelée de Saint-Pierre (Nord de la Martinique), est l’un des événements le plus marquants de l’histoire de l’île. L’événement a eu lieu le 8 mai 1902, dans l’ancienne capitale de la Martinique.
D’après les archives de l’époque, une explosion a débuté à partir du célèbre volcan Pelée ce 8 mai 1902, vers 8h du matin. En moins de quelques minutes, l’explosion à tuée des millions d’habitants (environ 28 000 personnes).
Quelques mois avant l’événement, le volcan avait montré plusieurs signes, notamment des petites explosions ou des fumées. Les habitants de la ville auraient alors été mis au courant des risques d’une éventuelle catastrophe, mais beaucoup n’avaient pas réellement pris conscience du danger.
Pourtant, certains avaient pris en considération ces alertes. Et par le concours des circonstances, certains ont pu échapper à la catastrophe, après avoir quitté la ville pour diverses raisons. Le destin en avait décidé autrement, et c’est ce qui a sauvé de nombreux martiniquais, dont les descendants ont accepté de témoigner sur le blog.
Joëlle Adèle, et Aliyah, sont trois descendantes de rescapés de l’éruption. Leurs aïeux, qui ont survécu, ont pris le soin de leur transmettre leurs précieux souvenirs.
Adèle

Ma famille habitait Saint-Pierre lors de l’éruption, et mon arrière-arrière-grand-père (Édouard Monville) était parti peu de temps avant dans le sud de l’île à cheval pour voir sa fiancée. Lorsqu’il a pris le chemin du retour, afin de revenir à Saint-Pierre. La veille de l’éruption, arrivée a quelques kilomètres son cheval n’a pas voulu avancé plus loin, car il avait senti un danger. Il a donc dormi là où son cheval s’est arrêté, et le lendemain, l’éruption a détruit toute la ville et le reste de la famille. Il fut l’un des seuls survivant. Grâce à son cheval, ma famille est là aujourd’hui ☺️
(j’ai d’ailleurs retrouver au mémorial à Saint-Pierre les noms du reste des membres de ma famille qui sont morts lors de l’éruption)

Melissa Madiana Rose

Mon arrière-grand-père Louis Rose à l’époque fréquentait déjà mon arrière-grand-mère Juliana Victey qui habitait Rivière-Pilote. Mais ils n’étaient pas encore mariés, donc il habitait Saint-Pierre. Très peu de personnes pensaient que la montagne allait exploser. Mon arrière-grand-père en était persuadé. Il avait apparemment proposé dans les semaines qui ont précédé la catastrophe, de descendre sur Rivière-Pilote pour se mettre à l’abri. Sa mère était persuadée que rien n’allait arriver à sa ville adorée, et refusait de quitter sa maison. Louis s’était alors absenté de la ville, la veille au soir en n’imaginant pas ce qui allait se passer.
Sa mère est donc morte dans l’éruption, car elle habitait du côté de l’église. Une rue qui aurait pu s’appeler « rue des chiens » mais qui n’a plus existé après l’éruption. Mon arrière-grand-père a été, de ce qu’on m’a dit, traumatisé de retrouver sa ville détruite de cette façon, et d’avoir évidemment perdu sa maman, alors qu’il n’avait ni père ni frères et sœurs. Il est donc parti s’installer dans le sud et a épousé mon arrière-grand-mère. Mon grand-père leur fils, était aussi très touché par cette catastrophe.
Par la suite, ils ont dû quitter brutalement la Martinique peu avant la Seconde Guerre mondiale, car son père est tombé gravement malade. Ils sont allés à Paris dans l’espoir de le soigner, mais il est finalement décédé là-bas. La guerre a éclaté dans la foulée, et mon grand-père s’est retrouvé contraint de se battre contre les allemands. Il a été blessé et était donc en mauvais point à la fin de la guerre.

Par ailleurs, de ce que j’ai compris, la maison familiale à Rivière-Pilote a fini par prendre feu, car quelqu’un voulait récupérer le terrain. Mon grand-père et sa mère, ont donc décidé de rester en France, et c’est comme cela que je suis née en France. Mais mon cœur a toujours été en Martinique. J’ai été élevée principalement par mes grands-parents.
Quand j’étais petite, on ne me parlait pas de nos origines, je vivais le mélange de parler français et créole, et l’éducation antillaise sans me poser de questions. Mais très petite, je faisais régulièrement le rêve que j’étais dans une ville dévastée par un volcan, et je me réveillais en sueur. J’étais obsédée et à la fois terrorisée par ce rêve, qui revenait souvent et je lisais sans cesse des récits d’éruptions sans comprendre pourquoi. Ce n’est que vers 11/12 ans que j’ai fini par en parler à mon grand-père qui était très surpris, et qui m’a raconté le destin tragique de sa grand-mère.
On peut aujourd’hui prouver que les traumatismes se transmettent aussi par l’ADN, et ça me donne une explication sur ces cauchemars si réalistes que je vivais régulièrement.
Je vais régulièrement à Saint-Pierre me recueillir et prier pour mon arrière-arrière-grand-mère, mais je me sens toujours oppressée en étant dans cette ville et je ne reste jamais plus de quelques heures.
Joëlle

Moi, c’est Joëlle, j’ai 35 ans, et mon arrière-grand-mère Julie Perrier est une rescapée de l’éruption. Lorsqu’elle avait 7-8 ans, elle devait se rendre sur Saint-Pierre avec sa mère Dosithé. À l’époque, ma famille était originaire du Lamantin, et Saint-Pierre était la capitale de la Martinique. Pour s’y rendre, il fallait y aller soit en voiture, à pied ou en bateau. Pour ceux qui en avaient les moyens, ils avaient leur propre moyen de locomotion, mais pour les plus pauvres, c’était des jours de marche. Surtout que toutes les routes n’étaient pas encore développées.
Julie devait se rendre en bateau à Saint-Pierre, lorsqu’elle s’est rendu compte, qu’elle avait oublié sa paire de chaussures. Elle a dû faire demi-tour avec sa maman, et elles ont loupé le bateau. Elles ont appris par la suite, que le bateau était parti, mais qu’il a péri durant l’éruption. Tous les passagers à bord, sont morts.

Et nous avons un dernier témoignage de Aliyah 18 ans
Ma grand-mère paternelle m’a raconté un jour, que nous descendons d’une fille de colon qui a épousé un homme noir. Cette femme est mon arrière-arrière-grand-mère, fille d’un colon qui a épousé et fait des enfants avec un esclave congolais. Lors de l’éruption de la montagne Pelée, elle a survécu, mais pas sa soeur. La soeur de mon arrière-arrière-grand-mère a péri dans la catastrophe.
Nous, nous sommes-la, car mon arrière-arrière-grand-mère a eu de la chance. Sinon il n’y aurait pas eu cette grande famille.
Merci mesdames pour votre temps et pour vos photos familiales ♥️ je vous donne rendez-vous pour un autre billet.
Tellement émouvant 🥹 merci Mesdames pour vos témoignages 🙏🏾
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